Le jazz vocal a souvent misé sur l’expressivité des paroles, mais Esperanza Spalding va plus loin en abordant des registres linguistiques variés. Elle chante en anglais, en espagnol et en portugais avec une fluidité qui efface les frontières géographiques et culturelles. Dans Radio Music Society (2012), son cinquième album, elle explore l’idée de raconter des histoires avec des paroles à la manière d’un carnet de voyage, où chaque phrase transporte l'auditeur dans un nouvel état d’esprit ou une nouvelle contrée.
Mais il y a plus : Esperanza ne se limite pas à des drames humains ou des récits personnels. Avec son album Emily's D+Evolution (2016), elle invente un alter ego, Emily, à travers lequel elle explore des thèmes comme la construction de l’identité et la quête créative. Sa poésie devient alors métaphorique, ambiguë, un champ d’expérimentation textuel où chaque mot nourrit l’abstraction de sa musique.