Le Vanneau Huppé ne suit pas une trajectoire classique, ni dans sa démarche ni dans ses compositions. Il ne s’agit pas seulement d’ajouter de la poésie au jazz, non, c’est plus subtil. Leur force réside dans cette capacité à composer avec l’aléatoire, à laisser des espaces où l’improvisation peut jaillir à tout moment, telle une nouvelle tournure en plein poème.
Sur scène, on retrouve souvent un quatuor instrumental combinant des instruments traditionnels du jazz (comme le saxophone ou le piano) à des outils inattendus : tambours africains, claviers analogiques ou même des enregistrements de bruits naturels. Aux côtés de cette aventure sonore, un ou plusieurs poètes déclament des textes en direct, jouant avec le rythme imposé par les musiciens. Les oscillations entre musique et mots sont fascinantes : tantôt les notes dominent, tantôt les phrases chuchotées ou clamées prennent le dessus.
Cette structure mouvante évoque des collectifs comme le Chicago Art Ensemble, connu pour briser les conventions, ou encore des figures du spoken word, à la manière de Gil Scott-Heron. Mais là où Le Vanneau Huppé frappe, c’est dans ce dialogue constant et inattendu, où chaque performance devient unique, vulnérable et profondément vivante.