Quand le jazz rencontre le hip-hop au sommet
Le chef-d'œuvre incontesté de Glasper dans la fusion jazz/hip-hop est sans doute l'album Black Radio (2012). Enregistré avec son groupe, le Robert Glasper Experiment, cet album décroche un Grammy pour le Best R&B Album, un fait rare pour une œuvre profondément imprégnée de jazz.
Ce qui rend Black Radio si marquant, c’est sa diversité tant dans les collaborations que dans les styles. Glasper y invite des icônes du hip-hop et de la néo-soul comme Mos Def (Yasiin Bey), Lupe Fiasco, et Erykah Badu, tout en y mêlant la douceur des lignes de piano jazz caractéristiques de son jeu. Des titres comme Afro Blue avec Erykah Badu ou encore Always Shine avec Lupe Fiasco et Bilal montrent à quel point Glasper brise les frontières entre l’énergie urbaine et la sophistication harmonique du jazz.
Son second opus très attendu, Black Radio 2 (2013), poursuit cette approche avec encore plus d’ampleur. Les collaborations avec Common, Brandy, Snoop Dogg et Norah Jones viennent renforcer son message : le jazz n’est pas une musique poussiéreuse du passé, mais un répertoire pleinement intégré à la modernité, une malle à trésors capable de se renouveler au contact d’autres cultures artistiques.
L'ombre de J Dilla : l’héritage rythmique
L’une des signatures sonores qui cimentent Glasper comme un pionnier de cette fusion jazz/hip-hop est son utilisation de rythmes et de productions inspirées de J Dilla. Reconnu comme un pilier du beatmaking, Dilla a influencé toute une génération d’artistes en développant un style rythmiquement irrégulier, presque bancal, connu sous le nom de “Dilla time”. Dans des morceaux comme J Dillalude, issu de son album In My Element (2007), Robert Glasper rend un hommage explicite à ce style unique, intégrant des rythmes hachés et syncopés dans des harmonies purement jazz.